9.
La mort de Hanane m’avait choqué. C’était comme si elle m’avait éconduit, après m’avoir longuement appâté. Mais je ne portai pas son deuil. À quoi bon ? Pour moi, ce n’était rien d’autre qu’un vœu qui ne s’accomplirait jamais. Je commençais à m’y habituer.
J’avais de la colère, de la peine surtout quand je mesurais à quel point l’absurdité pouvait assujettir les mentalités pourtant, je ne me souviens pas d’avoir éprouvé de la haine envers Nabil. Il n’en était pas digne, à mon sens. Son geste relevait de la folie. Il m’avait atteint dans mes chairs sans pour autant effleurer mon esprit. Je demeurai lucide. J’étais parvenu à appréhender le drame avec philosophie. Par-delà la disparition tragique de celle que je voulais pour compagne, j’étais persuadé qu’il ne s’agissait pas là d’un malheureux concours de circonstances, mais d’un signe divin, que le ciel me mettait à l’épreuve.
Je n’avais même pas assisté aux funérailles.
J’étais resté chez moi, et j’avais prié.
Bien sûr, il m’arrivait encore de m’insurger contre le sort qui s’obstinait à fausser toutes mes aspirations avec une rare mesquinerie, puis, en bon croyant, je me ressaisissais. J’avais du chagrin pour cette fille rayonnante, tranquille et discrète, mais je m’interdisais de chercher d’autres interprétations susceptibles de me piéger dans d’inutiles toiles d’araignée. Je ne me sentais pas de taille. J’étais fragilisé par les déceptions qui se succédaient au chevet de mes rêves. Je m’estimais aussi vulnérable qu’un moucheron à portée d’un caméléon. Il me fallait, coûte que coûte, me reprendre en main. Je renonçai d’abord à mon deux-pièces de Souk El-Djemâa ; ensuite, après avoir mûrement réfléchi, je décidai de ne pas me marier avant de mesurer la bourrasque qui se préparait à emporter le pays dans une crue, de toute évidence, dévastatrice.
Nabil ayant été arrêté, la nécessité de fréquenter les militants islamistes et de faire semblant de m’intéresser aux cours que nous dispensaient les cheikhs ne me concernait plus. Ma prière accomplie, j’étais le premier à quitter la mosquée. Puis je tournais en rond dans le quartier, les mains dans le dos et les lèvres pesantes. Je m’ennuyais.
À la Casbah, il était exclu de trouver quelqu’un pour vous réconforter sans lui donner l’occasion de vous endoctriner. On abusait des états d’âme des « égarés » et profitait de leur fléchissement pour les atteler à la mouvance. À cette époque, chacun se découvrait la vocation d’un gourou. De jeunes imams façonnaient les mentalités à leur guise, partout, dans les cafés, les écoles, les dispensaires, les cages d’escalier, traquant les ressentiments, investissant les consciences. Impossible de prendre son mal en patience. Un simple grognement, et les émules vous entouraient de leur sympathie avant de vous livrer, sans crier gare, aux artisans du Salut. Plus d’intimité, plus d’escapade. On avait beau rabattre les volets, se calfeutrer dans sa chambre, on n’était jamais à l’abri. La vie devenait insupportable.
Pour fuir les tensions, je me rendais chez Dahmane, au centre-ville. Là, malgré l’omniprésence du kamis, le bruit de la fureur était moins agressif. Les gens vaquaient à leurs occupations, les vitrines rutilaient sur les trottoirs et les terrasses ne désemplissaient pas. Les boutades et les rires fusaient çà et là, probablement exagérés pour conjurer les sentiments troubles et l’angoisse. Qu’importait ! Il suffisait à Dahmane de refermer sa porte pour rompre avec la rue. Son appartement était spacieux et coquet, décoré de beaux tableaux, de fauteuils ventrus et des rideaux soyeux. Dahmane ne manquait de rien. Il semblait comblé. Il avait une petite fille adorable, une épouse attentionnée dont le sourire étincelait comme les neiges de Tikijda. Ils m’accueillaient avec joie, et me retenaient souvent pour souper. À la longue, je me rendais compte que je gâchais leur petit bonheur avec mes intarissables lamentations. Je n’arrêtais pas de me plaindre sans savoir de quoi au juste. Mes visites s’espacèrent, puis je ne remis plus les pieds chez eux. En réalité, j’étais jaloux de leur confort, de la félicité dans laquelle ils baignaient, loin des clameurs revanchardes et des yeux injectés de sang ; j’étais jaloux de la chance de mon ami d’enfance, parti de rien et si bien arrivé, de la beauté de sa femme qui, en plus, enseignait la psychologie à l’université, de leur inaltérable fraîcheur… Ma jalousie frisait carrément l’aversion lorsque, en rentrant chez moi, je retrouvais les humeurs massacrantes de mon père, planté dans son coin pareil à un sortilège, guettant la moindre futilité pour se mettre à aboyer après son monde. Je le détestais, détestais son dentier moisissant dans son verre, son odeur de malade imaginaire ; je détestais notre taudis où suffoquaient mes sœurs dont la pauvreté repoussait les prétendants malgré leur réputation d’excellentes ménagères et la finesse de leurs traits ; je détestais l’indigence de ma chambre identique à celle de mon âme, les repas de misère que ma mère improvisait, son sourire qui s’excusait de n’avoir rien d’autre à offrir, son regard triste qui m’enfonçait un peu plus chaque fois qu’il se posait sur moi…
Je n’en pouvais plus.
Dehors, c’était pire. Les rassemblements des islamistes perduraient. Ils occupaient les places, les sanctuaires, les rares espaces verts, interpellaient les passants, provoquaient les forces de sécurité, véhéments, la barbe hérissée, les prunelles incendiaires. Les rues étaient interdites à la circulation. Les conducteurs mécontents étaient invectivés, parfois secoués. Les miliciens de la mouvance s’en donnaient à cœur joie. Tout était prétexte à les déchaîner. Malheur à qui osait rechigner. Les filles dévoilées se faisaient agresser par des mioches galvanisés. On leur lançait des pierres, les aspergeait d’eaux usées et on proférait sur leur passage des mots orduriers qui, dans la bouche d’un enfant, claquaient comme des blasphèmes. Sur les murs décrépis, les graffiti se voulaient de véritables déclarations de guerre. Les appels à la mobilisation succédaient aux prêches, les échauffourées aux intimidations. Entre deux marches de protestation, un fait divers remettait les pendules à l’heure : les premières victimes de l’intégrisme se mirent à en faire les frais : une prostituée, un ivrogne, une maison « louche ». Pas assez pour décréter le deuil national, mais suffisant pour spéculer. La peur s’installait progressivement Trop de laxisme, protestaient les laïcs. Pas de compromis, répliquaient les extrémistes. Dans l’expectative, des excroissances du FIS émergeaient. Les Hijra wa Takfir, l’aile la plus radicale de la mouvance, se forgeaient une sinistre réputation. Ses sbires infiltraient les franges sociales défavorisées, recrutaient parmi les damnés et les frustrés, impressionnaient par leur zèle et leur farouche détermination. On les décrivait partout de la même façon : sourcils plus bas que l’esprit, crâne rasé, regard inexpressif, barbe mal soignée, irascibles, violents, jusqu’au-boutistes. Ils se regroupaient à la faveur de la nuit pour s’entraîner sur des terrains vagues ou dans les bois. Les langues se déliaient. On parlait de sabres, de machettes, d’arsenal de guerre et d’escadrons obscurs.
Soudain, tel un couperet, l’épée de Da Mokhkess[2] tomba. La désobéissance civile fut déclarée hors la loi et les cheikhs Abassi Madani et Ali Belhadj jetés en prison. Les colosses se découvraient des pieds d’argile. On n’en revenait pas.
Après l’épreuve de force du Pouvoir, la Casbah se réveilla groggy, incapable de se situer. Les mosquées étaient silencieuses, les rues traumatisées, et les militants floués erraient dans le brouillard, perplexes, incrédules, prêts à détaler au cri d’une sirène.
Cependant, avec l’énergie du désespoir qui ranime les causes réprimées et jamais perdues, malgré la neutralisation de ses figures de proue, le Mejless se reprit en main, se réorganisa. De nouvelles têtes de christ apparurent. Des apprentis muphtis s’avérèrent, vite, plus efficaces que leurs maîtres. Les cellules islamistes des quartiers rouvrirent leurs portes, ressortirent leurs mégaphones et leurs archives. L’engagement n’avait pas pris une ride. On se référait aux erreurs d’hier pour ne pas les répéter. On optait pour une approche moins tapageuse, plus persuasive. Les diatribes enflammées, la provocation, enfin l’ensemble de ces attitudes excessives, qui effarouchaient les masses, étaient proscrites. Le Pouvoir avait fauté. Il était impératif de le maintenir au rang de tyran décrié par les saints et les nations. Désormais on jouerait le jeu des législatives jusqu’au bout, en se gardant de trébucher ou de céder à la vindicte, les sondages étant largement favorables aux « lésés ».
Régulièrement abordé par toutes sortes d’illuminés, je me manifestais le moins possible dans les ruelles de la Casbah. Dès le matin, j’enfilais mon jean et mes baskets et partais me dégourdir les jambes tantôt à Soustara, tantôt rue Larbi Ben M’hidi. Avec l’argent que j’avais amassé chez les Raja, je pouvais m’offrir des grillades au déjeuner et des virées sur le littoral où la vie suivait son cours en se fichant royalement des alarmistes. Malgré la fin de la saison estivale, les plages étaient prises d’assaut, le sable disparaissait sous les parasols, et les filles, insouciantes, se tortillaient dans des maillots de bain à peine visibles sur leur peau rissolée. Je m’installais sur une terrasse, devant un verre de citronnade, et je décompressais des heures entières en écoutant de la musique rai et en contemplant les miroitements au large de la mer.
Ce fut ainsi que je rencontrai Mourad Brik. Je ne l’avais pas reconnu à cause de sa face mafflue aux yeux avalés par des bourrelets de chair et de son obésité. Mais son rire de théière oubliée sur le brasero me fit aussitôt retrouver la mémoire. Mourad Brik avait partagé ma chambre, dans un hôtel périphérique miteux, pendant les deux mois du tournage des Enfants de l’aube. À l’époque, il n’avait plus de cran à sa ceinture. Fauché, affamé, il n’arrêtait pas de taper des cigarettes au personnel sur le plateau. Nous étions deux jeunes comédiens ambitieux, fascinés par les feux de la rampe, qui croyions dur comme fer fouler, un jour prochain, les tapis rouges de Cannes. Dans le film, il interprétait un cousin mal luné que je m’évertuais à remettre sur le droit chemin et qui, à la fin, drogué et déchu, se jetait pompeusement sous les roues d’une locomotive, pour que les spectateurs, grands et petits, comprennent enfin où mènent l’oisiveté et les mauvaises fréquentations. Le public avait apprécié le message, et la presse, convaincue que c’était là la meilleure méthode pour éduquer les jeunes, avait daigné lui consacrer un entrefilet en page centrale, chose à laquelle je n’eus pas droit. Plus tard, tandis que je pourchassais la licorne autour du Lebanon, Mourad Brik sautait sur le moindre petit rôle qui traînassait sur le bord des scénarios. On le revit sporadiquement dans un feuilleton télé barbant, ensuite dans une pièce de théâtre à dépoussiérer les coulisses puis, dans un long métrage qui connut un succès relatif et lui valut, à mon grand chagrin, un prix lors d’un festival cinématographique africain.
Je l’avais perdu de vue.
Après les embrassades d’usage, il s’effondra sur une chaise et aplatit d’une tape son toupet de cheveux frisés. Son ventre faisait bâiller sa chemise tropicale. Il commanda une crème glacée et commença par me demander ce que je devenais. Il me passa consciencieusement au peigne fin avant de consentir à me parler de lui :
– Je pars pour Paris, en décembre. Un aller simple, je ne te le cache pas. Des amis ont sollicité le Centre culturel français, et ce dernier m’a accordé une bourse. Je vais suivre un stage de perfectionnement dans un théâtre professionnel.
Pour corroborer ses dires, il poussa dans ma direction un livre de poche intitulé Le Cid.
– Le soir, dans ma chambre, je me campe en face d’une glace et je m’exerce aux répliques. Impressionnant. Mais je reste persuadé que mon passage à l’institut sera pure formalité. Je vais me faire un tas d’amis dans le métier et, dans moins d’un an, je décrocherai le gros lot. Sinon, à quoi bon s’égosiller toutes les nuits devant une glace au point d’obliger les voisins à s’esquinter les poings sur le mur pour que je la boucle. Le prix que j’ai obtenu à Ouagadougou m’ouvrira pas mal de portes. Ce sera le pied : galas, soirées mondaines, conférences de presse, séances photos, plateaux de télé, fric et nanas. Je m’en vais te rattraper le temps perdu en moins de deux, fais-moi confiance. Sais-tu que Mme Simone Fleuret m’a écrit ?
– Comment le saurais-je ?
– Je parie que tu ne devines même pas qui c’est, Mme Fleuret. Un monstre du casting. Son bureau est plus grand qu’une bibliothèque communale. C’est le passage obligé pour la gloire. Eh bien, figure-toi qu’elle m’a écrit. De son propre chef. C’est très significatif. Il est probable que je ne suive même pas le stage en question, qu’elle ait déjà des projets pour moi. C’est parti, Nafa. Je ne remettrai plus les pieds dans ce merdier où même les fleurs sentent mauvais.
Il était excité, quasiment en transe. Ses mains brassaient l’air. La crème glacée que lui avait apportée le garçon fondait, dégoulinait sur la coupe et formait une minuscule flaque laiteuse sur la table. Mourad n’en avait cure. Il m’assommait de ses rires, de ses exclamations, m’éperonnait de son doigt tendu à chaque fois que mon attention faiblissait.
– Tu penses que j’ai une chance d’intéresser le CCF ?
Il faillit en avaler sa langue et s’étouffer.
Il composa un visage évasif et répondit :
– C’est un peu tard, à mon avis.
– Pourquoi ?
– Ben, les inscriptions sont finies.
– Je veux tenter ma chance.
Il fit la moue, rentra le cou dans ses épaules flasques.
– Je ne veux pas te décevoir.
– Je prends le risque.
– Ce ne sera pas du gâteau, je te préviens.
– Je t’en serai redevable ma vie entière, le suppliai-je.
– Ça ne dépend pas de moi… Tu n’as tourné qu’un seul film, Nafa. As-tu seulement un press-book ? Ça n’a pas été aisé, pour moi, malgré mon dossier de presse et mon prix africain. Il m’a fallu mobiliser des amis, graisser la patte.
– Mobilise-les encore une fois. Tu te rends compte, à deux, dans Paris, nous nous soutiendrons.
Mourad plongea enfin sa cuillère dans la boule ramollie de son dessert glacé. Il prit son temps, racla le fond de la coupe, se pourlécha les lèvres en réfléchissant.
– Franchement, tu me prends de court, là. Je ne croyais pas que tu m’obligerais à tout déballer. Mon bagage d’acteur n’a pas suffi. Pour bénéficier de la bourse, j’ai été contraint à débourser.
– Combien ?
Il repoussa la coupe, croisa les mains sur sa bedaine. Ses yeux désagréables me tinrent à distance. Il me dévisagea en silence, puis il dodelina d’une tête affligeante :
– Laisse tomber, Nafa. C’est pas pour toi.
– Je n’ai pas l’intention de moisir ici une minute de plus.
– Tu tiens vraiment à te lancer ?
– Absolument.
Ma détermination parut le préoccuper. Il chercha dans le ciel une échappatoire, n’en trouva pas. Ses joues frissonnèrent
– Mettons-nous d’accord sur un détail, Nafa. Je déteste ce genre de procédure foireuse. Et je t’interdis de penser que j’attends une rémunération de quelque nature que ce soit dans cette affaire. Je suis un artiste. Les tractations obscures, c’est pas mon rayon. C’est très important de te le rappeler. Il s’agit de ma dignité. Et j’y tiens.
– Je m’en contrefiche. Ce que je veux, c’est mon visa pour la chance. Combien ?
– Vingt mille dinars cash. Et trois mille FF à l’embarquement, lâcha-t-il brutalement.
Je n’avais pas hésité une seule fraction de seconde. J’avais amassé assez d’argent, chez les Raja, pour me permettre de négocier deux ou trois opérations de ce genre. Je me rendis compte que je n’avais pas encore enterré mes rêves d’antan, que le tableau que me brossait Mourad ce jour-là, à l’ombre d’un parasol décoloré, me « ressuscitait ». Je me voyais déjà arpentant les studios parisiens, un scénario sous le bras et les yeux plus grands qu’un écran, loin des ruelles de la Casbah, du remugle de ma solitude et des affres du désœuvrement. Paris prenait possession de mon esprit. Je compris alors que, si je devais renoncer à sa générosité, je ferais mieux de crever. À partir de ce jour, je n’eus qu’une seule idée fixe : partir. Sauter dans un avion et voler de mes propres ailes.
Le problème financier étant arrêté, Mourad me demanda de lui préparer, avant la fin de la semaine, un dossier administratif complet : une demande manuscrite à l’attention de M. le directeur du Centre culturel français, complétée d’un curriculum vitae, une demande de visa munie du passeport, et les documents traditionnels : extrait de naissance, douze photos d’identité, certificat de résidence, etc.
Il me fixa ensuite rendez-vous au Hammamet, un restaurant huppé où je n’aurais pas osé me hasarder seul même du temps des Raja.
Mourad avait déjà commandé son repas et était au plat de résistance lorsque j’arrivai. Il se nettoya les commissures de la bouche avec la pointe de sa serviette et m’invita à prendre place en face de lui. Je lui tendis l’enveloppe contenant les documents demandés. Il se contenta de vérifier l’argent et poursuivit son déjeuner.
– Commande quelque chose.
– Non, merci.
– Le rôti d’agneau aux champignons est un délice.
– Je n’ai pas faim. D’ailleurs, je manque d’appétit depuis l’autre jour. Je dors mal et je ne pense qu’à la bourse.
– On va galérer, mais nous la décrocherons, cette satanée bourse, me rassura-t-il. J’ai déjà pris langue avec un gars influent au niveau du CCF.
Il mangea comme quatre, engloutit son dessert et jeta un œil sur sa montre.
– Je suis en retard, dit-il en se levant.
– On se revoit quand ?
– Je te contacterai.
– Tu ne sais pas où j’habite.
– Je demanderai.
– Je préfère que tu notes mon numéro de téléphone.
Il se donna la peine de se rasseoir et griffonna d’une main agacée mon numéro sur l’enveloppe que je lui avais remise.
– Ça va prendre longtemps ?
– Nafa, mon ami, n’anticipons pas. De toutes les façons, le stage est pour décembre. Nous avons deux mois devant nous.
– Il n’y a pas un endroit où je puisse te joindre ?
– Détends-toi, kho. C’est plus ton problème, maintenant. Dès que j’aurai du nouveau, je te téléphonerai.
Il me serra la main et s’éclipsa pour me laisser payer l’addition.